L’employeur et les spaghetti carbonara

Photo de Nadin Sh sur Pexels.com

Je sais que c’est difficile à croire, mais nous vivons aujourd’hui 6 avril le « World Carbonara Day », qui est censé célébrer les spaghetti carbonara à travers le monde.

Par parenthèse, on se demande s’il existe, quelque part, un bureau rempli de bureaucrates allumés qui dressent des longues listes de jours dédiés à ceci ou à cela, et sont payés pour ce faire.

Passons.

Cela nous amène à une question cruciale, sachant que les spaghetti carbonara contiennent de la Guanciale, soit le lard qui se trouve dans la joue du porc ou, à défaut, de la Pancetta (poitrine de port séchée) [recette des spaghetti carbonara ici : https://www.ilristorante.fr/2018/03/11/la-veritable-recette-traditionnelle-des-pates-a-la-carbonara/).

La cantine de l’employeur peut-elle proposer aux employés exclusivement des spaghetti carbonara pour célébrer les World Carbonara Day, sachant que, pour certaines religions, il faut éviter le cochon dans les plats et préparations alimentaires ?

La question de la religion au travail est complexe en ce qu’elle se situe à l’équilibre de plusieurs droits et obligations parfois contradictoires (liberté religieuse, intérêts de l’employeur). Elle fait l’objet d’une thèse toute récente de David Zandirad, La religion au travail, Bâle, Helbing Lichtenhahn, 2024, laquelle traite des cantines de l’employeur en pp. 255 et ss.

En résumé, le travailleur ne peut pas exiger de l’employeur qu’il prenne des mesures positives pour accommoder ses prescriptions religieuses alimentaires. Cela étant dit, l’employeur devrait pouvoir prendre des mesures simples à organiser et pas trop couteuses qui lui permettraient de déférer à différents intérêts des employés, par exemple des substituts pour le porc et la viande, ce qui conviendrait tant aux exigences religieuses de certains qu’au véganisme d’autres par exemple. C’est d’ailleurs le cas en pratique dans la majorité des cantines d’entreprise. On ne saurait par contre exiger de l’employeur qu’il pourvoie à des obligations alimentaires spécifiques de nature religieuses, telle que des cuisines séparées, un contrôle religieux des aliments, etc. ce qui aurait un coût élevé et des contraintes qui ne seraient pas raisonnables.

L’employé doit aussi se voir reconnaître la possibilité d’apporter ses propres aliments et de les consommer sur le lieu de travail, et ce, par exemple, s’il entend éviter de consommer telles préparations, certains ingrédients, etc.

Dans ce domaine, comme dans d’autres, la proportionnalité et le sens commun devraient être la règle.

Plus d’information sur la religion au travail sur ce site : https://droitdutravailensuisse.com/?s=religion

Me Philippe Ehrenström, avocat, LLM, CAS, Genève et Onnens (VD)

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About Me Philippe Ehrenström

Ce blog présente certains thèmes juridiques en Suisse ainsi que des questions d'actualité. Il est rédigé par Me Philippe Ehrenström, avocat indépendant, LL.M., Yverdon-les-Bains
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