Si j’en crois la lecture de la presse de boulevard de ce jour, il advint qu’un cadre supérieur de notre bien aimée radio-télévision d’Etat se prit de partager un post Instagram au contenu délicat et argumenté. Pour le dire autrement, le message était « F*** Trump » – (les anglophiles rempliront les trous par lesquels j’ai voulu épargner mes sensibles lecteurs). Le post aurait été ensuite prestement retiré de la page Instagram personnelle dudit cadre, laquelle mentionnait par ailleurs que ses prises de positions n’engageaient pas l’employeur.
Ledit cadre, figure bien connue des spectateurs romands aurait manifesté ainsi – quelle originalité ! – une aversion pour les extrêmes, laquelle serait née de la « xénophobie » à laquelle il aurait été confronté en tant que fils d’immigré italien.
L’employeur se réfère quant à lui à sa « charte déontologique », laquelle imposerait un devoir de réserve aux employés, devoir accru pour ceux qui participeraient à la production de contenus rédactionnels et/ou qui « représenteraient » la radio-télévision d’Etat.
Il ne s’agit en fait que de la manifestation du devoir de loyauté de l’employé (art. 321a CO), qui peut entraîner des limites à sa liberté d’expression, particulièrement si l’employé a des fonctions de cadre et /ou des responsabilités de représentation. La mention que les prises de position de l’intéressé n’engagent pas l’employeur n’y change rien.
Ce qu’il adviendra du cadre après son si délicat et si mature repartage sur Instagram, nous n’en saurons rien (l’art. 328 CO etc. etc.)
Probablement pas grand-chose.
La finesse et la maturité de ses analyses continueront donc sans doute à se manifester sur les réseaux sociaux et ailleurs.
Quant aux demandes d’interviews de la radio-télévision d’Etat au camp républicain d’ici à la fin de la campagne pour les présidentielles américaines, on suppose qu’elles n’auront pas trop à souffrir de ces manifestations d’impartialité éditoriale. Le canard en a vu d’autres….
Me Philippe Ehrenström, avocat, LLM
