Si l’on en croit 20 Minutes online du 10 septembre 2016, une start-up américaine éplucherait les données disponibles de millions de comptes de médias sociaux accessibles librement pour établir un «J-Score», soit un niveau d’activité de recherche d’emploi d’une personne. Pour établir le score, elle alimenterait ses algorithmes d’éléments tels que le suivi d’une nouvelle entreprise sur Twitter, l’accès à des articles relatifs à la rédaction d’un CV, l’ajout d’éléments professionnels dans son résumé Facebook, une activité accrue sur LinkedIn, etc. L’entreprise affirme toutefois ne pas suivre d’activités « privées » (sic).
L’entreprise monnaierait ensuite ses « recherches » auprès de clients, des employeurs, qui chercheraient à s’assurer de la fidélité ou de la constance de certains de leurs employés. Il s’agirait en quelque sorte d’un monitoring de la recherche d’emploi de ses salariés.
Il s’agit probablement d’un exemple de ce que l’on appelle les « HR Tech ».
L’employeur suisse qui ferait appel à ce genre de services ferait toutefois bien d’y réfléchir à deux fois. Une telle pratique semble a priori peu compatible avec toute une série de normes relatives à la protection des données et à la protection de la personnalité sur le lieu de travail (art. 328b CO, 26 OLT3, etc.), et elle ne serait pas rendue plus licite par le fait d’acheter cette analyse à des tiers plutôt que d’y procéder directement. Quant à la réserve du caractère privé…
Et, finalement, on peut se dire qu’un employeur qui aurait recours à ce genre de « services » n’a que ce qu’il mérite si ses employés cherchent ailleurs des conditions de travail moins oppressantes. La réponse était donc dans la question, pas besoin de payer un prestataire de services externe donc.
Me Philippe Ehrenström, avocat, ll.m., Genève-Yverdon